TDM30 Mai 2009 CAP VERT : Sao Nicolau
Juste quelques mots sur le Cap Vert: tout d’abord le préposé au dénomination géographique ne devait pas manquer d’humour pour appeler cet archipel Cap Vert…. Je dirais simplement qu’à première vue ce n’est pas la couleur qui domine… Sur les Capverdiens je dirais assez vertement qu’ils sont plutôt noir de peau, mais surprise pas tant que cela, car bien que Guinéens d’origine pour la plupart la colonisation portugaise a su se métisser, et du coup on comprend mieux le surnom de petit Brésil du Cap Vert . 80% de la population est composée de métisses ce qui est important pour une ancienne colonie de l’ancien monde.
Alors ce fut une colonisation plutôt sympa me diriez-vous ? et bien que nenni gente dame, le Portugal n’a bien voulu lâcher ces îles qu’en 1975 après une longue lutte armée avec une guérilla à la fois guinéenne et capverdienne ; soit 15 ans après la plupart des pays africains de notre ancienne AOF et AEF.
Bon, métis libres et sympas ? je dirais plutôt réservés voire indifférents, certainement nostalgiques comme le veut la musique locale très sodade (il est vrai qu’avec Cesaria Evora comme ambassadrice tu ne dois pas pouffer souvent…), en tout cas ils rigolent moins que sur le continent, bien qu’ils restent très festifs et très famille.
Autre particularité des 500.000 Capverdiens dans le monde, la moitié vit hors pays, USA Europe Canada ; Véritable diaspora qui fait vivre le pays en rapatriant des devises. Cette diaspora est une longue histoire, provoquée par les famines successives qui ont décimé les ïles lors des périodes de sécheresse.
Bon donc après Sal nous piquons plein Ouest sur Sao Nicolau distant de 90 miles (Cannes Calvi) poussé par un bon petit alizé bien tonique de 25 Nœuds. 12 H de nav plutôt sympa malgré l’absence toujours remarquée de poisson en bout de ligne.
Sao Nicolau c’est l’île des surprises, tout d’abord arrivée sur Tarafal sur la côte SW au moteur !!! pétole comme chez nous !!! pas un souffle , bien abrité par le monte Gordo qui culmine 1300m au dessus de Tarafal. Après 3 semaines de vent dans les naseaux ça fait du bien un petit calme. Du coup le thermomètre grimpe dans les 28 30° dans la journée, il fait chaud la baignade devient plaisante, et on s’en donne à cœur joie pendant 2 jours.
Pourquoi 2 jours seulement ? parce que : 2e émoi, suivent 36H de coup de vent mémorable avec des rafales à plus de 55 nœuds de quoi faire fumer l’océan. . 2 journées bloquées sur La Licorne qui tient le choc, accrochée à ses 2 ancres et plus de 70 m de chaîne. L’annexe joue les filles de l’air, se retourne et immerge son moteur, les embruns, soulevés par ce vent de terre déjà chargé de poussière, se salent allégrement et encroûtent tout le gréement du bateau. Un poulet au gros sel ça se voit, mais une Licorne ?
Quand l'ocean fume...
Cordage et hauban encroustés
Le pavillon Cap Verdien tout neuf n'a pas vraiment apprécié les caresses d'Eole.....
Petite vidéo en fin d'article, pour vous ventiler les méninges...
Un bateau voisin à moteur de 25 m n’arrête pas de déraper sur plusieurs centaines de mètres, multiplie les tentatives pour revenir et retenter un impossible ancrage. 2 journées et une nuit bien agitées pour le skipper.
Troisième émotion et non des moindres, lors d’une belle partie de pêche sous marine à la poursuite de perroquets, poissons limes et autres balistes dans une eau peu cristalline mais à 26° quand même, une ombre passe sur ma droite…. un ange ? m’interpelle-je ? …Oups !!!! « pardon madame, je vous en prie après vous.. si si j’insiste…… voilà, voilà, …. Oui c’est ça à plus comme on dit….. » Ouaou doit bien faire 2.5 m le bestiau…. Une belle nourrice nonchalante, qui doucement s’éloigne majestueusement. Je suis dans même pas 3 m de flotte, sûr qu’il doit avoir pied le squale !!! j’ai du interrompre sa sieste, car dans la journée ils dorment normalement les requins nourrices, sur le sable peinards, en attendant l’apéro de 18 heures.
Je ne sais s’il s’agit d’un réflexe inconscient de survie, mais par la suite, j’ai raté tous mes tirs au fusil, « oh ! mince encore à côté… » incroyable cette maladresse ? non ?
Et maintenant je traîne mon accroche poisson à plus de 10m derrière moi. Car ce ne fut pas la seule rencontre du séjour sur Sao Nicolau.
Malheureusement je n’ai pas pu photographier ces sharks du fait d’une eau trouble ou de l’absence de requins lorsque je n’oubliais pas l’appareil. Bientôt, bientôt.
Une autre anedocte que j’oubliais : lors du coup de vent et du retournement de l’annexe, si le moteur et le réservoir ont pris un bain forcé mais ont survécu, il n’en est pas de même de mon poignard de plongée, de l’éponge et de l’écope qui ont subit l’affreux sort d’une noyade tragique.
Sauf qu’à bord mon petit moussaillon a eut le réflexe de noter le point GPS du naufrage, et que 2 jours plus tard à l’aide d’un compas de relèvement et de 90 m de fil de pêche j’ai pu remettre l’annexe juste à l’aplomb du chavirage et plonger pile- poil sur le poignard planté dans le sable 10 m plus bas. Une chance assez inouïe il faut bien l’avouer. Du coup le moussaillon a pris du galon.
Bon allez zou ! je vous emmène faire un tour sur l’île en VTT vers le NW sur les routes toute pavées.
(même les lignes blanches et les bas côtés sont en pavés). J’ai compté qu’il en fallait plusieurs millions pour recouvrir les 30 bornes séparant Tarrafal de Ribeira Prata. (en gros 500.000 par Km)
Petite baignade à Praia Grande
Paysages volcaniques toujours aussi verdoyants comme vous pouvez le voir….
Ribeira Prata la rivière d’argent,
Il s’agit d’ un charmant village au bout de l’île avec une particularité : la présence d’une « rocha scribida » , d’une roche gravée de mystérieux signes ou lettres qui ont fait supposé que les îles furent occupées avant la venue portugaise du XVe s.
Je vous laisse juge pour savoir si l’origine naturelle ou humaine semble plus judicieuse.
Retour sur Tarrafal : le seul grand port de l’île, la deuxième ville et certainement la plus dynamique. Port de pêche artisanale (pecheur) mais aussi haut lieu de la pêche au gros ou des amateurs viennent titiller le marlin bleu, et lieu de débarquement du ferry inter-îles. Mais pas de port pour les petits plaisanciers, alors on mouille non loin en face de la plage de sable et galets noirs. Et ça roule ça roule jour et nuit….. il parait qu’il s’agit d’un des meilleurs mouillage du Cap Vert…. Ça promet…
La Licorne
Pêcheur
Ce sable est réputé pour ses vertus thérapeutiques anti-rhumatismes car riche en iode et titane.
Sable aussi vert que ses habitants
Un petit treck dans la Ribeira Brava qui chemine de Villa la capitale de l’île à Cachaço 500 m au dessus. 2 petites heures de grimpette sur pavé à travers la campagne de restanques.
Restanques
Cachaço
On poursuit avec la grande randonnée de Sao Nicolau, la montée du Monte Gordo à partir de Cachaço. Cette balade nous fait grand bien car la montée est enfin verdoyante avec eucalyptus, pins canariens, et cyprès qui avec les sisals parsèment la piste.
Un coin vert au Cap Vert
La surprise vient au-delà des 1000 m où les arbres font place aux arbustes et à une couverture de lantanas qui nous accompagnent jusqu’au sommet.
La vue sur l’ensemble de Sa Nicolau est superbe. On voit même La Licorne dans le port de Tarafal.
Le port de Tarrafal du Monte Gordo.
La Vallée de Faja
Au nord la belle vallée de Faja, qui a sa petite histoire française. Vous vous souvenez des salines de Sal, et bien ici les français ont aidé à irriguer une partie de la Ribeira Faja, grâce a un géologue qui survolant le site a diagnostiqué une vallée fossile recouverte de couches de lave récentes, et en a déduit qu’au fond devait exister une rivière souterraine qui drainait toutes les eaux de pluie du Monte Gordo. Une galerie horizontale fut creusée à flanc de pente à Faja par les paysans locaux transformés en mineurs. Six années de dur labeur et plus de 2 Kms de galerie ont permis de trouver le filon. L’irrigation par simple gravité a permis avec un débit de 800 m3 par jour de cultiver une bonne partie de cette vallée.
Retour sur la « gran ville » de Villa qui est agréable avec des petites ruelles, une myriade d’échoppes, des maisons bien colorées, et un bon petit « resto à pas cher » le Bella Sombra.
Villa de Ribeira Brava : la capitale.
On y loue un petit 4x4 (pour 50 euros la journée) afin d’aller découvrir le reste de l’île.
Et nous voilà partis vers le bout du monde, le petit port de Carriçal à l’extrémité est. Piste très cassante, mais superbe bien que minérale uniquement.
Jalunga sur la piste du Nord.
L’arrivée sur le petit port oasis est surprenante, car c’est le seul coin vert à des Kms à la ronde. Il y a un petit côté sahelien, dans ce bled qui nous enchante.
Dernier coin à voir la plage de Baixo de Rochas à quelques encablures de Tarafal que nous allons visiter en annexe. Il d’agit d’une plage dune étonnante car à flanc de falaise trés verticale qui se jette dans une belle anse turquoise, et requinisée à souhait.
La plage de Baixo de Rochas
On finit avec un Fou masqué et bien sur un dragonier symbole du Cap Vert
Voili pour Sao Nicolau, bientôt Santa Luzia l’île déserte et Sao Vicente...tout là bas au bout....
eb