Février 2010 Salvador de Bahia : le Brésil Africain.
Salvador est la gardienne de la plus grande baie d’Amérique du Sud, la baie de tous les saints. Plus de 1000 Km².
Salvador au NE et l'île d'Itaparica en face.
Salvador de Bahia première capitale du pays dès 1549 moins de 50 ans après la découverte par le florentin Amerigo Vespucci de la Baie de Tous les Saints.
ça vous parle Amerigo Vespucci non ? mais oui, c’est lui qui a donné son nom au nouveau monde de Colomb, au nouveau continent, l’Amérique
Pendant 2 siècles Sao Salvador da Bahia de Todos os Santos va régir avec son gouverneur la colonie portugaise do Brasil (prononcez Braziou).
C’est l’exploitation du Pao Brasil qui a fait la richesse du pays et de Bahia, puis le café, le tabac et la canne à sucre, succéderont, avec comme corollaire le marché des esclaves africains, indispensable main d’oeuvre.
Le pao (pin) brasil qui a donné son nom au pays est une essence qui permettait à l’époque (XVIe s) d’extraire un pigment d’un très beau rouge écarlate très prisé en Europe.
Détrônée par Rio de Janeiro au XVIIIe et son or du Minas Gerais, Salvador va rester la ville la plus importante du nord Brésil. Aujourd’hui 3e ville du pays, avec plus de 90% de noirs et métisses, elle est la plus africaine du Brésil.
C’est donc ici que perdurent malgré les interdits, les restes de la culture africaine. L’animisme va donner le fameux rite du Candomblé un mélange de catholicisme et d’animisme, et les rythmes et luttes vont accoucher de la Capoeira.
Le candomblé associe les saints de l’évangile, aux esprits, génies, dieux et déesses animistes. : les orixas. (pronoceez orikchass)
Omolu St Roch ou Lazare (maladie et la mort)
Lémanja déesse de la mer de la fécondité : la vierge Marie
Ogum le Mars du panthéon candomblé assimilé à St Antoine
Il existe des dizaines de déités Candomblé.
Oxala dieu de la création : le christ.
Les cérémonies se déroulent selon différentes traditions, angolaise, nigérienne, congolaise ou gêge nago. Avec un maître de cérémonie, des initiés qui parlent aux esprits, dansent au rythme des tambours sacrés, chantent et peuvent rentrer en transe, une fois possédés par l’Orixa. (Une fois la connexion établie). La pratique sacrificielle est encore effective.
Nous irons assister à deux cérémonies au cours de notre séjour Bahianais, mais sans témoignage photo, car interdit.
Sachez que cela dure plusieurs heures, que des étrangers sont tolérés mais en petit nombre, que les transes vues, ne semblent pas simulées, et qu’il est étonnant de voir la ferveur des brésiliens, dont beaucoup n’ont pas la trentaine, et bien que vêtus à l’occidentale n’en tombent pas moins en transe.
Déjà vécu lors des fêtes animistes en Afrique occidentale, le candomblé issu de la culture yoruba nigérienne, semble plus soft et surtout moins arrosé de boissons sacrées comme l’alcool de palme ou le Gin.
La Capoeira sport national, mélange de lutte et danse rythmée au son des percussions et ritualisée. Longtemps interdite issue de la révolte des noirs brésiliens , les marrons. Art martial, danse, lutte, la gestuelle est superbe. Deux grandes écoles, locale et angolaise.
Pratiqué dès l’école, ce petit capoériste qui s’entraine devant NS de Sao Francisco, vous ne le croirez pas est né à……… Sainte Maxime dans le Var en France !!!!! le monde est petit pour qui sait voyager….
Je vous invite à visiter cette belle cité, Salvador de Bahia : « la Rome Noire », plus de 365 chapelles et églises dans sa Baie la bien nommée.
Vue de mer, on aborde les quartiers chicos de Pituba, Ondina, Barra au Sud qui longent l’océan, puis on entre dans la Baie avec le quartier du port et ceux de Joachim Bonfim Ribeira…
Déjà les contrastes sont là : buildings contre favelas, pirogues contre promène-couillons, barcasses de pêcheur contre jets privés qui survolent la ville.
Les beaux quartier de Barra.
Favela de Vittoria.
Le petit port de Joachim
Port principal et son fort Sao Marcelo.
Promènes couillons surbondés.
Pirogue en plein coeur du port de Salvador... l'Afrique n'est pas loin....
C'est ici au port à la marina du Terminal Nautico où se repose La Licorne, au pied de la vieille ville.
On accède aux vieux quartiers par l’escalator Lacerda , qui vous grimpe jusqu’au palais du Gouverneur et qui domine le très touristique Mercado Modelo.
L'escalator, le mercado, la marina, le fort, ... La Licorne si vous avez de bons yeux.
le Mercado Modelo, en bas,
le palais du gouverneur, en haut.
Le charme des rues du Pelourinho, les vieilles bâtisses coloniales comme l’ancienne fac de médecine, jouxtent les églises, basiliques, et autres couvents, les places sont parcourues de mamas bahianaises ; les rues jalonnées de petits restaurants, de bars, d’ateliers de peinture.
La place du pilori
La fac de médecine.
Les belles coloniales alternent avec les masures décrépies, et les tags très inspirés jurent sur les très catholiques azulejos portugais.
Rue duPelourinho.
Ici, au musée très hétéroclite des Objets Imaginaires, Paolo nous conte de visu le carnaval.
La superbe rue des Carmes.
Du point de vue culture :
Je vous emmène voir le très beau couvent de Sao Francisco tout d’azuleros décoré, avec surprise au mur, de belles lithographies faites à Paris et dessinées par Wattier.
Couvent Sao Francisco.
Azuleros portugais et litho françaises.
La preuve...
Je vous montre cette superbe façade de l'église du dit Couvent, pour deux raisons : typique du baroque espagnol de l’époque (XVIIe) elle a été importée pierre par pierre du Portugal, puis complètement masquée, cachée sous une épaisse couche de plâtre pendant des dizaines d‘années, afin d’échapper aux différents loubards, qui ont pillé le coin (hollandais et français surtout). Restaurée au XVII e elle peut de nouveau se montrer dans toute sa splendeur.
Autre église particulière, ND des Carmes qui recèle un christ au 2000 rubis, chaque gouttelette de sang étant matérialisée par une jolie pierre précieuse. Incroyable richesse de l’église catholique d’alors….
Le Christ aux 200 perles de rubis.
Je vous fais grâce de la basilique, et de la fameuse église du Pelourinho car en réfection. Cette dernière a été entièrement construite par les esclaves noirs, et serait uniquement habitée de saints à la peau noire.
Mais je ne peux sous silence passer la très belle église de Bonfim,
Le quartier de Bonfim et sa basilique.
Car Nostro Senhor do Bonfim est le saint patron de la ville. Chaque année s’y déroule, la deuxième plus importante manifestation populaire de Bahia : Le lavagem de Bonfim (en souvenir des esclaves qui devaient laver le parvis de l’église) Un énorme défilé populaire profane célébrant Oxalà l’orixa associé au Christ, parcoure le quartier au départ de NS Bonfim .
L’intérieur de la salla dos milagres (salle des miracles) témoigne de la ferveur des bahianais qui viennent y déposer leur doléances, et ex-votos dont certains laissent perplexes (raquette de tennis ? moules de membres handicapés ? )
A ses grilles les fameux fitas y sont suspendus après avoir été bénis. Ces fitas très présents à Bahia symbolisent la distance de l’écartement des mains du christ crucifié. Portés au poignet après bénediction avec 3 nœuds représentant 3 vœux. Ceux-ci seront exaucés une fois le fita tombé et jeté dans un cours d’eau.
Faites un Voeu....
Passons au marché de Sao Joachim, qui foisonne et grouille d’échoppes, au sein d’un dédale de ruelles. Surtout alimentaire, il rappelle vraiment les marchés d’Afrique.
Bon je vous donne ¼ heure pour faire vos courses, on se retrouve à la sortie. … Si vous la trouvez.
Photos
Acérolas amazoniennes.
Anonas.
Pastèques.
Les jacques.
Vous en avez bien profité ? sachez que ce marché est condamné, et va disparaître d’ici cet hiver (juillet 2010) , laissant la place à une grande voie routière…… encore une triste disparition due à la civilisation…..
Alors, la vie à Salvador ? elle est à l’image de la cité, douce, souriante, la musique parfois (souvent ?) trop forte survole les ruelles, décore les petits boubouis, surtout le soir. Les belles brésiliennes déambulent, et le philosophe accompagne le marchand de bananes dans son recueillement.
Petit orchestre de rue très samba.
Costume traditionnel.
Belle Bahianaise.
Trois photos pour représenter Salvador ? Trois clichés
Une plaque usée, abusée tellement piétinée, un tableau de la Rue des Carmes au pied du Pelourinho, et deux superbes bahianaises en costume traditionnel qui préparent le Carnaval. Car oui, nous sommes en février et la cité prépare son traditionnel et non moins extravagant spectacle.
Une belle plaque pour Francis.
Alors ce carnaval, qu’en est-il ?
Un petit descriptif, pour en préciser l’originalité par rapport au très médiatique carnaval de Rio ou Sao Paulo. Il s’agit avant tout d’une fête vécue, dansée, populaire, avec 2 grandes manifestations ;
Les défilés dans la vieille ville uniquement pédestres, et fait de percussionnistes, suivis par les aficionados, et la population. Plutôt sympas, et cools, à l’inverse les incroyables et tonitruants défilés des blocos du Trio Eletrico. Imaginez des semi remorques, où sont juchés les musicos sur d’énormes enceintes d’environ 2 à 3000 watts, qui vous secouent les tripes lors de leur défilé. Chaque camion, représentant un groupe, un bloco (Olodum, Timbalada, Afro Bahaia…) et suivi, poursuivi par des aficionados, qui dansent, sautent gesticulent, dans un délire acoustique. Cette liesse populaire, laisse place à tous les débordements.
Je dois avouer que la musique à ce niveau de décibel, n’a plus rien d’harmonique, et la proximité des camions, en font en cuir pour vraiment apprécier ;… une cacophonie assez épileptogène….. il faut peut être avoir des tympans
Je vous ai mis en ligne 3 petites vidéos pour tenter de vous mettre dans l’ambiance.
Chaque année, deux millions de personnes y sont attendues, et la fête dure 6 jours !!!!!
Dans cette petite vidéo ne ratez pas l'Orixa de la mort, le dénommé Omulu.
Un petit défilé de percu sur la praça da Sé.
Allez zou, un petit tour avec des blocos, les gays puis Africa Bahia.
Voili, Sao Salvador da Bahia de Todos os Santos, et do Todos os Pecados (de tous les pêchés) vous souhaite un bon retour sur terre…..
La prochaaine fois je vous emmène dans la Baie, et ses superbes surprises.
A bientôt