Aout 2010 De Salvador à Marajo, de Bahia à Para, de la Baie de Tous les Saints à l’Amazone.
Il était indispensable de toiletter la Licorne après 2 mois de marina tropicale. N’ayant plus qu’un antifouling* type St Macloud… un carénage* sur le banc de sable d’Itaparica s’avérait plus que nécessaire… Pour franchir les 12 miles* de Salvador à Ita 4 heures moteur à donf….
2 mois de repos en eaux bien tropicales, et voilà le résultat ... une belle moquette ST Macloud.
Appétissante la salade ... non ?
Allez zou….. on peut enfin décoller pour voguer sur l’onde océane vers le Nord du pays, le nord du continent, vers la Selva amazonienne.
Adios Salvador, je te laisse pour mieux te retrouver un jour…..
Plus de 1500 miles nautiques* autant que pour venir du Cap Vert, décidemment ce pays est immense. Le vent à cette époque est SE* , le courant non défavorable, ce qui sous déhale rapidement vers Natal, vers l’épaule Est du continent sud-américain.
Une fois passé celle-ci, le courant de Guyane stimulé par des alizés de SE musclés nous catapulte vers le delta amazonien.
Voici quelques clichés de cette croisière au portant, bien sportive avec pas mal de casse à bord, pale de l’Aries, bosse de ris, perte de l’hydro générateur complètement « bouffé » par l’usure à cette vitesse, après 4 jours de force 6, plus un tangon perdu corps et âme dans les profondeurs atlantes…. La bande UV du génois se débine….
Vent arrière, voiles en ciseaux, genois (encore tangoné)
Pale de l'Aries explosée
Hydrogénérateur fatigué.
12,2 Noeuds au GPS, en vitesse fond ça dépote.
Bon, nous on garde la forme, heureusement car avec des surfs à plus de 12 nœuds, mieux vaut avoir bon pied bon œil…. La nuit, les pêcheurs nous inquiètent car souvent sans feux de nav, ni radar…. Du coup je préfère filer à plus de 100 miles des côtes ,où ,seuls les cargos ma foi bien rares, sont censés croiser.
Tiens si vous êtes bien amariné* vous pouvez vous passer cette petite vidéo, sinon après un Vogalène ça devrait aller….
NB: je n'arrive pas a charger la vidéo, mais je persiste, d'ici qq temps je vais trouver la solution... merci de bien vouloir patienter.
La pêche à la traîne nous ramène un beau spécimen, qui bien qu’inconnu, finira dans nos gamelles sans problèmes… avec le délicieux pain handmade in the Licorne, par le petit matelot du bord.
2 kg au peson ... mais inconnu au bataillon ???? qui connait ?
C'est bon comme.... comme... du ... ?
La visite d’un micro-exocet entérine l’idée princeps de Coluche : on est tous égaux….
L'est mimi le mini poisson volant.... l'a du faire un sacré bond pour grimper sur La Licorne.
Les couchers de soleil, le réglage du spi asymétrique*, la visite des copains dauphins nous occupent et nous ravissent. 10 jours pour rallier le delta amazonien avec une journée de près de 195 miles, avec 2 ris* dans la GV* et trinquette* s'il vous plait...
En fait de couché, ils'agit d'un lever de soleil.
L'arrivée des copains par dizaines est toujours un grand moment. Dés que possible je vous passe une autre vidéo.
La montée en altitude dans le mat fait office d’exercice physique, indispensable au bon équilibre de l’équipage.
On a tellement boosté, qu’il a fallu se mettre à la cape* pendant toute une nuit à l’entrée du fleuve Para pour attendre le jour. Et bien nous en a pris, tant les pièges des filets flottants des péchoux du coin sont nombreux !!
(Bon je sens les copains non marins, un tantinet énervés par le vocabulaire maritime, alors j’ai fait un petit lexique en fin d’article, pour les non-initiés. Les mots affublés d'une astérixe y sont épluchés)
Ainsi donc, nous voici aux abords de l’Amazone .
Voici sur la carte, la nav Salvador Marajo.
Parlons un peu de ce delta amazonien :
Géographiquement le delta, à sa sortie, fait environ 150 miles, soit Toulon Perpignan (donc plus que le golfe de Lion…) encombré d’une multitude d’îles, d’îlets, d’îlots dont la majeure se dénomme Marajo, petit morceau de terre grand comme notre voisine, la Suisse !!!
L’Amazone qui se déverse au N de Marajo est aidée au Sud par le fleuve Para.
L’Amazone, qui se dispute avec le Nil la suprématie mondiale des ruisseaux, mesurerait aux dernières estimations quelques 6500 kms, de long, elle reçoit plus de 1000 affluents, avec un débit supérieur à l’ensemble des fleuves du continent européen, plus de 200.000 m3/seconde. 20% de la réserve d’eau douce mondiale !!!….
Manaus situé à plus de 1000 miles* de l’embouchure est encore assujetti aux marées…..
Comme vous le voyez sur la carte, nous avons choisi Marajo comme point d’atterissage.
Soure (prononcez Sourri voire sorry à la british) une des trois villes de l’île est un charmant port de pêche, où il fait bon poser la pioche* après une croisière sportive.
La Licorne au mouillage de Soure.
Le port de pêche de Soure à marée basse.
Bateau de pêche typique de l'Amazone.
De Soure a Salvatera 10 minutes de bac.
Les rives du Para mouchetées de blanches aigrettes.
Ici sur Marajo la terre, entièrement morcelée en énormes fazendas de milliers d’hectares, reste agricole avant tout, avec une particularité dans l’élevage de buffles.
Fazenda Bom Jesus.
Buffles drivés par leur héron pilote.
Principalement marécageuse, elle propose des vues superbes avec une biodiversité qui nous rappelle le Pantanal.
Non, non ce n'est ni l'Afrique, ni l'Asie, mais Marajo dans le delta amazonien.
Les stars avec les buffles, restent les Spatules roses, et les ibis rouges.
Incroyable densité de couleur des ibis rouges.
Spatules roses.
Drôles d'oiseaux.. non ?
Alors que l'ai se traine paresseusement de branche en branche....
" Oh Manu tu descends ?"
" et pourquoi faire ???"
Le cormoran serpent ondule son long cou en nageant...
Troupiale ?
La location d’une moto nous permet d’accéder aux belles plages atlantiques.
Les belles plages océanes.
Piscines perso....
(une p'tite video ???)
Au village alors que les news sexo-narco-bobo fleurissent sur le Nice Matin du coin, nous faisons la connaissance d’un chaman (un confrère) qui passe son temps à soigner des indiens, avant de pétrir et tourner la glaise locale en poteries ma foi très jolies.
Chaman est sa profession, potier sa passion, et Quechua son ethnie venu des Andes.
Après quelque repos bien mérité, nous laissons au mouillage La Licorne, pour nous rendre à la mythique Belem sise à plus de 40 miles en amont du fleuve Para.
Mais ceci est une autre histoire….
Je vous quitte en suivant le vol rouge de l'ibis, sur fond gris tropical...
Lexique pour les ceusses qui ont du mal avec la mer (mal de mer) :
Antifouling : peinture que l’on passe sur les œuvres vives (la coque dans l’eau) du bateau pour empêcher les coquillages d’y élire domicile.
Carénage : ensemble des opérations le plus souvent annuel, qui consiste à sortir le bateau hors de l’eau, de le gratter, karcheriser, poncer, enfin repeindre avec un super bon antifouling.
SE : Sud Est (en bas à droite) NW Nord Ouest (en haut à gauche) sur la rose des vents.
Mile = Mile Nautique = Nautique : Unité de longueur maritime de 1852 m, qui correspond à une minute de latitude sur une carte marine (pratique à mesurer)
Se mettre à la Cape : arrêter le bateau en se mettant en travers du vent et des vagues, voiles à contre (du vent) et barre sous le vent. Manœuvre qui permet ainsi d’attendre gentiment que le temps passe, que la tempête se dégonfle, que l’orage se calme, ou que le jour se lève.
Spi Asymétrique : voile d’avant (foc le plus souvent) grande (130m² sur la Licorne), très légère que l’on envoie par petit temps, et plutôt au portant (dans le sens du vent. )
Trinquette : voile d’avant au contraire plus petite qu’un foc classique, pour les coups de torchons, ou du moins les vents soutenus.
Ris dans la GV : 1, 2 ou 3 ris sont pris dans la Grand Voile (GV) pour en diminuer la surface quand le vent forcit. On prend des ris à l’aide de bosses de ris (cordage) qui peuvent casser… à ne pas confondre avec des bosses de rire…
Pioche : ancre dans le jargon trivial du laboureur d’écume. Dans la même veine, le même énergumène parle de bourrique en lieu et place de moteur..
Bateau : sorte de maison flottante et mobile….. lol, mais mieux pensée, mieux faite, plus solide….. relol